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jupons. Et, paradoxe de paradoxe, nombre
de ces colosses copiaient, dans leur vêture
féminines, certaines raccrocheuses qui, elles-
mêmes, pour leur tenue de travail s’étaient
inspirées du style le plus violemment sol
datesque. Un lustre plus tard, les nazis
avaient brûlé les précieuses collections
d’Hirchfeld. Aujourd’hui, tous comme un
seul homme, ils habillent leurs mollets de
cuir fauve. Extatisme de l’habillement. Dans
l’Allemagne hitlérienne, dans l’Italie musso-
linienne, ceux qui s’opposent au bond en
avant pour un retour en arrière jusqu’à la
féodalité, ceux qui n’imaginent que pour
inventer atrocités et méfaits dont taxer les
communistes et leur repiocher, entre autres
choses mensongères de vouloir réduire la
diversité humaine à la monotonie, ceux-là,
dis-je, se condamnent eux-mêmes et condam
nent les autres à l’obsession de l’uniforme.
Sans doute la camisole de force nationa
liste ou raciale va-t-elle comme un gant à
la folie furieuse d’une classe qui voit, dans
le fascisme, l’unique chance de survivre en
core un peu à ses faillites et banqueroutes
frauduleuses. Par la rigidité toute militaire
de ses cadres, l’Etat ne cesse d’exaspérer les
contradictions inconciliables. Le monde ex
térieur, le monde sert de bouillon de cul
ture à ces délires que réfléchit, à la surface
comme au plus profond de ses eaux, le
miroir sensible et mouvant que nous appe
lons le monde intérieur.
Or, nous ne croyons pas à la génération
spontanée des délires. Tout et tous obéis
sent à la grande loi d’universelle réciprocité.
Un marxiste ne peut nier que, à la lumière
des plus sombres folies, s’éclairent, donc se
métamorphosent, les faits dont naquirent
ces sombres folies.
Machine à réprimer et à comprimer, au
sein des contradictions inconciliables, l’Etat,
dans et par ses mesures les plus générales,
jamais ne cesse d’être le responsable des re
foulements les plus particuliers. Donc, réci
proquement, rendre compte du particulier,
ce sera dénoncer le général. Du fait, du seul
fait qu’elle explique l'individu actuel, la
psychanalyse est un réquisitoire contre la
société actuelle, la société capitaliste qui en
refusant à l’immense majorité des individus
des conditions acceptables de vie matérielle,
leur interdit le libre épanouissement de la
vie psychique.
Les ennemis de Freud, ses ennemis de
gauche et de droite aussi bien que ses dis
ciples à la ferveur trop exclusive, tous ont
une fâcheuse tendance à oublier que le plus
grand psychologue des temps modernes n’a
jamais accordé une valeur nouménale à l’in
conscient, à ses manifestations. Comme toute
autre science, sa science s’attaque à ce qui
apparaît encore à l’état d’irrationnel, pour
en faire un nouveau rationnel, un nouveau
rationnel qui servira de chemin vers un
nouvel irrationnel, qui lui-même...
Toujours, partout (et dans ses Essais de
psychanalyse appliquée récemment traduits
plus encore qu’ailleurs et jamais) Freud
insiste sur la nécessité de considérer le
contexte. Le déterminisme psychique est
déterminé par d’autres déterminismes que,
lui-même, à son tour, il va déterminer. Il
s’agit de ne négliger aucun de ces liserons
conducteurs qui peuvent nous aider à nous
y retrouver dans l’enchevêtrement équato
rial des déterminismes. Pas plus que les
êtres, des choses, les mots qui désignent
choses et êtres et les songes qui les relient
ne sauraient être abstraits définitivement de
l’ensemble, d’où, pour des nécessités d’ana
lyse, il a fallu les extraire.
Dans Dichtung und Warheit, Goethe a
osé écrire : on peut tout affirmer lorsqu’on
se donne la liberté d’employer et d’appli
quer les mots d’une manière tout à fait va
gue, dans un sens tantôt élargi, tantôt ré
tréci, tantôt approché, tantôt lointain.
Ici, par sa volonté même de confusion
nisme, l’OIympien se précise. Son masque,
l’olympianisme, ne cache plus mais accuse
la mauvaise conscience de qui a voulu plus
d’une fois détourner les mots à son profit,
au détriment d’un temps, d’un lieu et de
ses voisins dans ce temps, ce lieu.
Jamais (et surtout en France, pays de l’é
loquence) on ne prend assez de précautions
contre les spécialistes des précautions ora
toires. Les escroqueries verbales vont de
pair avec les autres.
Toujours la même Marseillaise : les en
fants de la patrie, les fils de putains, les
dignes rejetons de la république bourgeoise
ont fait, d’un chant à l’origine révolution
naire, l’hymne même de la provocation. Tel
historiographe du fumier contemporain s’at
tendrit sur l’amour de petit dissentiment
qui a servi de mouche aux touchantes con