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POEMES
le mage simule la hantise
le mage qui dort aux pieds d’orage
le mage aux mamelles d’acier
ce sortilège immobile
chiquer des prèles
comme du bétel
un soir d’absence
sortilège diurne
qui transforme la chevelure des blondes
en lumière verte
sur le mont Walpurgis
sortilège vivant
des prèles fourmiliers
qui concilie la rancune et l’amour
mage des hivers morts
aux yeux cerclés de silence nuit
sous une pluie cérémonieuse
j’ai rencontré la vie
la vie bavarde aux feuilles de misère
c’était une femme très jeune
née d’un hibou
et de la première lueur du jour
sa robe de clairière
une étoile modeste
pleurait sur mes paupières
des larmes de cailloux
des mérites des audaces des caprices *
des sources et des sources reptiles
le vent emportait ses caresses
et la mer buvait ses paroles
nos regards en grand secret faisaient l’amour
■ses yeux fondaient entre mes lèvres
'c’était un ver luisant dans un cercueil de pierre
Henri PASTOUREAU.