Valentine. — Le sourire des vendeurs. Une toute autre
coqueterie.
Silence.
A quoi penses-tu ?
Paul. — La douceur de vivre. Tout le monde s’en mêle. Les
fils de la Vierge à hauteur de visage d’hommes, le chant des
capitales.
Valentine. — Tu ressembles à ces employés qui, à l’arrêt
des trains, passent avec un marteau le long des roues.
Paul,, distrait. — Je me suis souvent demandé quelle peut
être en rapide et en amour la vitesse des mouches qui vont de
la muraille arrière à la muraille avant du compartiment à cou
chette ou autte. (Revenant brusquement à elle.) Tu n’as pas froid?
Valentine. — Quelle heure est-il ?
Silence.
Paul, mon bonheur est doux comme les oiseaux affamés. Tu
peux jouer en baissant les paupières ou en fermant les poings.
Je consens à être désespérée. J’ai tellement pensé à toi depuis
l’autre jour !
Paul. — Parle.
Valentine. — Les mots brillants que je voudrais dire filent
au ciel comme les étoiles que tu regardais. Tu ne veux plus rire ?
Lorsque tu es loin de moi, c’est ton rire que j’entends d’abord.
SCÈNE II
François entre les mains tendues. — Chers amis, je viens
vous faire mes adieux. (A sa femme.) C’est dommage qu’une
promenade à Genève ne vous ait pas tentée. Je ne me console
pas de partir seul.
Valentine. — Mon ami, je suis si fatiguée.
François. — Plus fatiguée ?
Valentine. — Oui. Des vertiges. Ma tête est comme ces
appareils qui sonnent annonçant le prix de la marchandise
achetée. Je suis perdue dans ces parages. Avant l’arrivée de
Paul, un rayon de soleil tombant sur la plante verte me tenait
en haleine comme un roman d’aventure.
François. — Vous devriez prendre une tasse de tilleul avec
du cognac. Quelquefois j’ai des malaises semblables. Eh bien,
je me fais faire une infusion bien chaude de tilleul et j’y verse