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quelques gouttes de cognac. C’est très efficace. Ne voulez-
vous pas essayer ?
Valentine. — Non, je vous remercie, ce ne sera rien. Je vais
déjà mieux. Je vous en supplie, qu’on ne s’occupe pas de moi,
je me trouve déjà si ridicule.
Paul. — Il n’y a rien là de ridicule. Voulez-vous que je
sonne ?
Valentine. — Ne vous dérangez pas.
Paul. — Vraiment ?
Valentine. — Vraiment.
François. — C’est égal, une petite tasse de tilleul avec un
peu de cognac ne vous ferait pas de mal.
Silence.
Valentine. — A quelle heure votre train ?
François. — 19 heures 33.
Valentine. — Votre adresse.
François. — Hôtel Bristol, Genève. J’espère que vous n’al
lez pas trop vous ennuyer. (.4 Paul.) Tâche de la distraire. (Lui
prenant le bras.) Je compte sur toi, mon vieux.
Valentine. — Qu’est-ce que tu vas faire là-bas ?
François. — Te souviens-tu de Jean Le Houilleur ? Depuis
longtemps, je devais aller le voir. Il a été mon meilleur ami.
Valentine. — Vous m’en avez souvent parlé.
François. — C’est vous qui m’avez encouragé à partir, et je
le regrette presque maintenant. Il m’est si facile de ne penser
qu’à nous. Si seulement vous consentiez à quitter Paris ! C’est
donc bien difficile de renoncer à ces courses, à ces soirées ?
Je voudrais tant faire revenir le rose sur ce visage, ne plus vous
voir ces yeux cernés.
Valentine. — A vous croire, bientôt ma vie serait en danger.
Paul. — Cela passera. Ce sont les nerfs.
Silence.
François, se lève, fait quelques pas s'arrête encore devant
Valentine. — Demain, à cette heure-ci, je serai loin de vous.
Ce sera la solitude douce et chaude. Il me semblera que je vous
ai quittée depuis des semaines, depuis des mois, depuis des
années. Les gens parleront et s’agiteront. Dire que la caresse
de l’eau sur la berge m’émeut et m’attendrit déjà! De la terrasse
de mon hôtel, je vois passer sur le lac des voiles blanches.
A l’heure où le soleil se couche, ce paysage m’enivre. Après
avoir été tout le jour le grand lac silencieux, il devient au