Full text: Littérature (2 (1920), 16)

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SCÈNE II 
Entre Maxime, un parapluie à la main. Il s’asseoit au fond). 
Maxime.—Voyons... donnez-moi un raphaël citron et de 
quoi écrire. 
Il semble chercher ses mots et regarde autour de lui. On voit 
qu’il prête à Gilda une attention de plus en plus marquée. 
Maxime. — On n’y voit plus. (Il va s’asseoir près de Gilda). 
Quel temps. 
Gilda. — Il pleut. 
Silence. 
Maxime. — Vous ne vous ennuyez pas ? 
Gilda. — Pourquoi ? 
Maxime. — Vous attendez quelqu’un ? 
Gilda. — Non. {Elle sourit). 
Maxime va s’asseoir en face d’elle. — Vous permettez ? 
Silence. 
Gilda. — Je rêvais que j’étais encore en pension. Je porte 
une dernière fois ce col de dentelle. On a beau surveiller ma 
correspondance, un inconnu ce soir escaladera le mur du parc. 
11 me dira : « Vous avez pleuré, à cause de la nacre de mes 
joues. » La nuit viendra. Bientôt il n’y aura plus que les 
moulins à vent. 
Maxime. — C’est à prendre ou à laisser. L’élégance intérieure 
et les actes de désespoir les plus fous. Sortir de l’église en 
jetant des dragées. 
Gilda. — Vous n’êtes pas comme les autres. 
Maxime. —Comment ne pas se dire plusieurs fois par jour : 
cela ne se retrouvera jamais ! 
Silence. 
Gilda. —Vous n’avez pas achevé votre lettre. 
Maxime. — A quoi bon donner plus longtemps signe de vie? 
Il est trois heures et quart et je vous vois. 
Gilda. — L’instinct de plaire ressemble à un puits. Croyez- 
moi, les bagues ne sont rien. Il y a à Paris sur les grands 
boulevards une pente si douce que presque personne n’a pu 
s’empêcher d’y glisser. 
Maxime. — Les plus touchantes mappemondes, ce sont les 
globes argentés dans lesquels le garçon de café range de temps 
à autre une serviette. Les oiseaux en cage aiment ces petites
	        
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