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Gilda. — Les paroles me brûlent comme la lumière des
théâtres.
Maxime. —Vous pensez encore aux aurores. Vous dites : là-
bas. Je suis près de vous.
Gilda — Je songe aux forêts.
Maxime. — Les sentiers des champs au petit jour.Les animaux
fous et les mendiants aveugles nous écoutent.
Gilda. — Pourquoi riez-vous ?
Maxime. — Midi : l’heure des colombes et très tard le soir.
Devant moi votre regard et vos épaules. Les fleurs que nous
aimons tous les deux. La chaleur danse à toute vitesse. Encore
ces mêmes pensées qui tombent et qui volent : les papillons de
la souffrance et le rêve plus doux que l’agonie.
Silence.
Gilda. — Les automobiles sont silencieuses. Il va pleuvoir
du sang.
Maxime. —A travers les vignes, les . rongeurs creusent sans
penser au lendemain. Les paysannes ne connaissent pas les
éventails. Donnez-moi votre main et j’aimerai votre vie.
Gilda. — Appelez-moi Gilda.
Maxime. —Ecoutez, écoutez.
Gilda. — Je suis là.
Maxime. —C’est demain.
Gilda,— La distance, les réseaux des points cardinaux.il y a
des drapeaux et d’immenses rubans de laine couvrent la terre.
Croisez vos mains et respirez doucement.
Silence.Depuis quelques instants, Maxime tient entre l’index et
le majeur droits le pied d'un verre vide et lui fait décrire des huit
obliques sur le marbre. Vient d’entrer un de ces marchands ambu
lants de tapis, châles, ceintures, etc. Il a commencé par faire ses
offres aux joueurs.
SCÈNE III
L’Algérien s’approche de Maxime. Il présente un peau tigrée
qu’il porte sur l’épaule et sous laquelle il étend et laisse retomber
alternativement le bras. Silence.
L’Algérien. —Porte-monnaie.
Silence. Maxime, même jeu.
L’Algérien. — Descentes de lit.