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C’est un triste concert. Nous voici en été. Les soirs sont lourds et
tristes. Les musiques que l’on entend sortir de la bouche des égouts
lorsqu’on longe les trottoirs pour y gagner sa vie au hasard des porte-
monnaie chus suivant ce que lès poètes appellent la loi de pesanteur,
sont d’une sensualité de cul sale grattés à deux doigts. Une langue amou
reuse vous introduit de la métaphysique dans la bouche et la langue
indigène fait grincer contre les dents un sable métaphysique’. Le cornet
du téléphone fait dans l’oreille des taches de graisse. Isadora Duncan
danse la musique qu’un nécrophore stérilise au nom de Chopin. Mais
je vois le fil du téléphone entre ses jambes, et une sonnerie éclatante
enveloppée dans de l’ouate précipite des nuages qui abritent les obscénités
des chérubins la peau des muses en fin de scarlatine. En descendant les
marches de l’escalier de la rue du Dôme on passe de la zone de la
vanille à celle de l’oignon. Mahomet tombé de son wagon est un poëte
réaliste. — Vous ne croirez jamais que je suis Mahomet ? — Toujours
on va du chaud au froid et du froid au chaud, et l’on reste marchand
de citron. Le poëte anti-poëte lui-même vend du citron. C’est pourquoi
je ne casse pas les vitres des réverbères ou n’insulte pas les concierges.
Je suis dame d’honneur d’une reine.
Une reine n’aime que son propre visage. Mais non tel qu’il est le
matin. Elle lui peint jusqu’à l’intérieur des yeux. Ce qu’elle aime, c’est
son œuvre — non telle qu’elle est — mais transposée, renversée et ren
voyée par le miroir — non telle que celui-ci la retourne — mais sous
le voile du souvenir de Babylone, des Evangiles, de Sapho, de Watteau
ou de Femina.
Ainsi se repose une reine — et dit la yérité à tout le monde sauf
à soi-même. Le plus doux mensonge on ne l’adresse pas à son mari,
à sa maîtresse, à son père ou à son ami. Mais à soi-même. N’est-ce pas,
poëte ? Un facteur l’apporte auquel on donne un pourboire. Un regard
s; pur, si pur.
Le canapé du pharmacien est langage sans pensée, et non pensée sans
langage. Le premier regard est mensonge. Le premier mot le rend inef
façable. Dieu n’a pas créé le monde ni l’homme; il a créé le langage.
Il est le menteur par vice congénital. Il se promène la main entre les
cuisses et donne à la blanchisseuse la trace de ses mensonges.
Ni les larmes, ni la salive, ni la sueur, ni l’urine, ni le sperme lui-même
ne peuvent oxyder l’effet de la jouissance du Dieu turbine.
Toute investigation dans le domaine colonial est vaine. Le cacao,
l’oiseau-lyre et romithorinque ne sont que des timbres-poste dont quelques
fonctionnaires tiennent une Bourse.