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être des acides. C’est du dernier escalier que je vis
les dieux. Ils étaient alignés par centaines comme des
menhirs ; hautes de cinq, de dix, de quinze mètres,
d’énormes têtes contemplaient ma tête encore au ras
du sol, avec des nez tous froncés comme si tous
m’avaient déjà senti monter, des yeux caves dont les
plus proches de moi pleuraient de petites larmes
sèches qui étaient de petites souris effrayées; tous sur
pris dans une opération silencieuse, dont il m’avait
semblé surprendre les miroitements, les scintillements.
Mais je me sentais rassurée, de n’avoir touché leur île
que de mes orteils. Je gravis les dernières marches.
Je les voyais tous de face éclairés de dos par le
soleil, leur ombre dans cette revue rangée à leur pied
comme un équipement. Tous l’esprit et le corps tendu
comme le fils de Footit quand son père lui demande
s’il sait que c’est que penser. Tous, à ma vue, se
demandant, cherchant en eux s’ils le savaient. Tous
poussiéreux comme des marbres de commode, offrant
à un Kodak une proie superbe, et au cinéma juste le
petit mouvement de leur ombre. Tous, par politesse
pour un humain, essayant de m’accueillir par ce qu’ils
croyaient la pensée ; celui-ci par un oiseau gris ram
pant qui le parcourait comme un fou, celui-là par une
grenouille dans ses oreilles à rebords qui conservaient
une eau plus pure que celle des orchidées ; celui-là,
en laissant tomber de son corps géant un petit bras
usé. Parfois j’avais l’impression qu’ils se relâchaient
de leur immobilité, que là-bas on s’inclinait, qu’ici on
remuait. Je poussais un grand cri, et le garde à vous
reprenait.
On apprend vite à distinguer les Dieux. Un seul
était vraiment beau, un seul m’eût plu, avec une belle