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MÉMOIRES d’üN DADA BESOGNEUX
proposa, tout naturellement de me con
duire à Londres dans la sienne.
» C’est à ce moment que j’observai dans
ses manières quelque chose d’exceptionnel.
Nous avons coutume, ordinairement, de
répugner à ce qui est exceptionnel, nous
avons coutume de considérer comme bad
foi'm et incorrect tout ce qui peut faire re
marquer quelqu’un. Aussi m’abstins-je du
rant quelque temps de lui en exprimer ma
pensée, mais je n’ai pas les mêmes raisons
de vous dissimuler les motifs de mon éton
nement : la seule chose que sir Richard
payât jamais de sa poche était un journal
d’un penny, et, lorsqu’une fois il eut l’occa
sion d’ouvrir son portefeuille devant moi,
je constatai, sans le vouloir, que celui-ci
ne renfermait que des cartes de visite et d’au
tres papiers à peu près de même nature ;
mais pas une seule banknote, fût-ce d’une
demi-livre. Lorsqu’il m’offrait à déjeuner,
c’était toujours à l’un de ses clubs, où il
avait un compte, ou bien dans un restaurant