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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
sais-je, et alors les prix baisseront. » En
attendant, j’ai fouillé dans mes armoires.
J’en ai retiré des trésors que j’ignorais :
des vestons encore « convenables », des
pantalons d’une couleur différente, et
fort usés, mais qui pouvaient « se re
tourner ». On les a retournés... Et des
gilets d’une couleur encore différente,
mais il paraît que c’est à la mode. De la
sorte, je me suis composé des costumes
un peu arlequins, mais relativement dis
tingués. Avec une canne, que je porte as
sez élégamment, je faisais encore figure...
L’année suivante, quandje suis retourné
chez mon tailleur, il m’a demandé 300 fr.
J’ai reculé !... Ça finirait bien par finir, à
la fin !... En effet, il y a eu l’armistice, et
la victoire. Tout le monde s’est embrassé,
et j’ai couru de nouveau chez mon tail
leur. 11 m’a demandé 350 francs. J’ai
reculé ! J’ai continué à gratter mes fonds
d’armoire. Mais aujourd’hui, ils ne con
tiennent plus rien, absolument plus rien .’