LE CHEVAL H ELBERFELD
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Le cheval frappait le sol, en effet.
D’abord avec le sabot de son pied droit,
ensuite avec le sabot de son pied gauche,
infatigablement, et comme à dessein. Et
voici qu’un souvenir déjà bien ancien re
monta des abîmes de ma mémoire. Je
comptai les coups de sabot, d’après l’alpha
bet imaginé par ce pauvre M. Krall : « Bon
jour ! » disait celui-là.
— Est-ce vraiment toi ? lui dis-je, émer
veillé. Serais-tu l’un de ces chevaux d’El-
berfeld, sur lesquels M. Maeterlinck a dit
des choses si intelligentes, et les psycho
logues officiels d’autres si parfaitement
bêtes que c’étaient eux qui avaient l’air de
raisonner comme des chevaux ? De telle
sorte, du reste, que pour devenir compli
ces des fraudes qu’ils prêtaient à votre in
venteur, il aurait fallu que vous eussiez dix
fois plus d’intelligence qu’il n’est néces
saire pour extraire réellement, et sans plus,
une racine carrée ?
— Oui ! frappa le cheval, ardemment.