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MÉMOIRES D'UN DADA BESOGNEUX
peuple à la fois raisonneur et naïf qui
n'arrive pas à comprendre comment il se
fait qu’étant victorieux il ne soit pas heu
reux — ne pouvant distinguer que c’est
le monde entier qui est malheureux, non
pas lui seul : c’est trop grand pour lui,
pour toutes les femmes et presque tous
les hommes, le monde entier ! — ses jour
naux qui ne lui disent jamais que ce qui
ne va pas, et pas une fois ce qui va,
d’abord parce que c’est leur métier d’être
catastrophaux et faits-diversiers, ensuite
parce qu’ils sont des avocats qui plai
dent contre le Boche mauvais payeur —
toute cette civilisation française, déca
lée, déjetée, bavarde, grinchue, a partout
quelque chose d’ahuri et d’ahurissant, de
comique, de macabre, de dada — de si
dada que cela me décourage de l’être. Et
j’ai l’impression que ce n’est pas elle seu
lement, mais toute l’Humanité des Hom
mes Blancs, abrutie, désaxée, maboule,
loufoque, et dada, dada, dada !