CELUI QUI N’A PLUS DE NOM
Je le vois, cet homme... Se relevant, il
essuie, d’un geste d’ouvrier, sur son pan
talon de velours brun à grosses côtes, ses
mains pleines de terre. Il est vieux déjà,
et d’avoir si longtemps travaillé — là-bas,
du côté où très loin, très loin, sont les îles
d’Amérique, le soleil descend vers l’Atlan
tique — la face courbée vers le sol, il se
sent les reins perclus, il a éprouvé quelque
peine à se redresser. Mais il se trouve heu
reux de la tâche accomplie : l’arabesque
en mosaïque de galets blancs, rouges et
noirs, dont, à l’antique mode italienne, il
vient de paver cette allée du jardin, jusqu’à
la haie de figuiers de Barbarie dont les
larges palettes épineuses servent de clô
ture du côté du volcan effondré où la mer,