UN DEVOIR DE STYLE
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J’ai retrouvé aussi une paire de sandales
hindoues, en cuir, dont l’effet se marie
agréablement avec la robe. Et j’ai rencon
tré des Arméniens, de vrais Arméniens :
les pauvres gens n’ont plus de patrie ;
tous ceux qui ont pu s’enfuir sont ici.
L’un deux m’a adressé la parole, dans
son langage. Je n’ai pas compris. Alors il
a recommencé en français :
— Avez-vous bien vendu vos tapis ?
Ils vendent tous des tapis ! Et ce n’est
pas une mauvaise idée. Seulement, je ne
saurais reconnaître un Boukhara d’un Scu-
tari ou d’un Samarcande. Alors je me suis
mis marchand de lacets, tous les soirs,
après mon travail. Le public trouve ça tout
naturel, à cause de ma robe, et c’est encore
un avantage qu’elle me procure. Je suis
même devenu membre du syndicat des mar
chands de lacets. Mes collègues m’y ont
obligé : on ne doit pas vendre les lacets à
moins de 6 francs la paire. Mais il ne faut
pas aller pour ça dans les quartiers riches :