DEUX SOLITAIRES
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dans les commencements. Parce qu’à la
lin, mon Dieu, quand les provisions se
raient épuisées, il ne vous resterait qu’à
faire comme les autres : vous coucher l’es
tomac vide. Ou bien essayer de vous empa
rer de vive force des pommes de terre et
du blé que les paysans, qui les font pous
ser, voudraient garder pour eux. C’est ce
que tâchent de faire les bolchevistes.
Elise releva sa pauvre tête, blonde, et
pas assez rose, et charmante :
— Ce n’est pas pour ça, non, ce n’est
pas pour ça, que je ne voudrais pas que
ces choses-là arrivent ici...
— Et pourquoi, alors, petite Elise ?
Elle répondit :
— Je ne sais pas... J’aurai bien du mal
à vous expliquer, c’est très difficile... Enfin,
voilà : quand j’ai fini de travailler à mes
éventails, avec mes pots de colle et mes
pinceaux, qu’est-ce que vous voulez que je
fasse? Je lis. Vous n’auriez pas beaucoup
d’estime pour ce que je lis. Ce que j’aime