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MÉMOIRES L»’UN DADA BESOGNEUX
conscience qu’ils existaient en tant qu’in-
dividus ; mais que, aujourd’hui qu’ils ont
acquis cette conscience, ils ne sauraient se
soumettre à une forme de gouvernement
qui ne leur convient plus. Ils se sont mis
dans la cervelle qu’un homme en vaut un
autre, et que tous n’ont aucune raison
d’obéir à un seul, qui peut-être ne vaut pas
mieux qu’eux. Ils ne consentent donc à
déléguer la part de pouvoir qu’ils estiment
leur appartenir que temporairement, et de
manière toujours révocable. C’est cette
forme de gouvernement qu’on nomme dé
mocratie. En des jours agités, elle n’est
pas sans inconvénients, et cela se voit.
C’est ce qui fait qu’aux époques où la
guerre était quasi perpétuelle, l’état dé
mocratique était rare, et que, quand par
hasard il existait dans la cité, il cédait la
place, aux moments de crise, à la dictature
de l’esprit, de l’éloquence, ou du génie
militaire. Mais à cette heure les guerres
n’apparaissent plus que comme des ma