UN VAINCU
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les cheveux longs, les jeunes femmes les
portent courts : ce qui fait qu’on a bien le
droit de se tromper. Si ce journal vient
jamais entre les mains d’un autre que moi,
je prie le lecteur de ne soupçonner aucune
intention critique dans cette remarque
liminaire. Je l’inscris ici dans le seul objet
de contribuer, dans une modeste mesure,
à la connaissance, par la postérité, des as
pects de notre société contemporaine.
D’ailleurs la cause qui a produit celui-ci
me paraît assez aisée à découvrir : après
avoir cinq ans endossé le rude uniforme
guerrier, nos jeunes gens en ont'assez !
Ils s’efforcent de se prouver à eux-mêmes,
et de prouver aux autres, par leur appa
rence extérieure, que c’est fini, bien fini,
de ce temps-là ; nos jeunes femmes ayant
conquis, à la même époque, une sorte de
virile indépendance, se plaisent à la mani
fester.
J’avais sous les yeux le bristol de mon
visiteur :