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MÉMOIRES d’üN DADA BESOGNEUX
— Monsieur Adhémar Coquet?... fis-je.
— Oui, monsieur : Adhémar Coquet ! !
Avec ma coutumière urbanité, je lui de
mandai à quoi je pouvais avoir le plaisir
de lui être bon. Il baissa les yeux, assez
mélancoliquement.
— Je suis, dit-il, à la recherche d’une
situation. J’accepterais n’importe quoi,
même ce qui peut exister au monde de
moins digne de moi. Je consentirais... oui,
monsieur, je consentirais, par exemple, au
journalisme !
Partageant son mépris pour cette pro
fession, j’en conclus qu’il était poète, et le
lui dis.
— Oui, monsieur, poète ! Je suis poète !
— Et sans doute, ajoutai-je, un confrère
tout à fait... dada ?
Je pensais le flatter. Bien au contraire
je déchaînai son indignation :
— Dada! s’écria-t-il, poète dada ! Mais,
monsieur, il y a deux syllabes et quatre
lettres, dans « dada » ! Les dadas se ser