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MÉMOIRES D*UN DADA RESOGNEUX
droit, d’après les règlements institués par
le nouveau régime, à une ration plus ou
moins congrue. Par surcroît, on a été
dur avec moi. J’ai été convoqué par un
membre des Conseils révolutionnaires, que
je croyais pouvoir compter au nombre
de mes amis : car depuis longtemps,
voyant venir l’orage, j’ai pris soin de me
créer des relations dans ce monde-là. Ce
n’était point que je craignisse de payer de
ma vie l’avènement du nouveau système :
je suis un trop petit personnage et trop ré
signé, par principes et par tempérament,
aux sacrifices indispensables ; mais je suis
un « bourgeois », c’est incontestable, et
vivant de mes rentes, comme vécurent
mon père et mon grand-père, bien que
je sois aussi poète. Mon ami des Conseils
m’a dit doucement : « Nous sommes des
gens sages, merveilleusement doux, ani
més des meilleures intentions, et des évo
lutionnistes, non pas des révolutionnaires.
Nous avons mis tous nos soins à établir