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MÉMOIRES D'UN DADA BESOGNEUX
matopées qui me rappellent douloureuse
ment mes anciens poèmes, pour vendre ce
mouron aux dames du prolétariat qui ont
des serins et des pinsons. Malheureuse
ment ces personnes ont pris de tels goûts
de luxe qu’elles dédaignent aujourd’hui
ces humbles bestioles. La plupart ne veu
lent plus que des aras ou de somptueuses
perruches, qui ne mangent pas de mouron.
Je suis obligé de faire quotidiennement
plus de cinquante kilomètres à pied, dans
les rues, pour placer ma marchandise, et
ne m’arrête qu’à neuf heures du soir. C’est
du travail, ça ! Et ça fait quinze heures
de travail ! Et j’ai une carte de paresse !
On aura beau dire, ça n’est pas juste.
3 octobre 1925. — La rentrée dans les
écoles primaires n’a pas eu lieu à Paris, ni
dans aucune ville de France. Les enfants
ont tenu ce langage logique : « 11 nous est
absolument inutile d’apprendre à lire, à
écrire, ou n’importe quoi, car, quand nous