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MÉMOIRES d’üN DADA BESOGNEUX
rante francs toujours, d’ailleurs. Et quel
travail ! Tout le monde est employé à fon
dre des canons et des obus, ou à fabriquer
des munitions, des tanks et des aéropla
nes. C’est incroyable, parce que la dictature
des Conseils avait annoncé que le règne
du prolétariat était le règne de la paix per
pétuelle et la fin du militarisme, mais voilà
ce qui s’est passé :
Deux heures de travail par jour se sont
révélées insuffisantes pour subvenir aux
besoins de la société. Mais il était impos
sible de demander davantage aux travail
leurs conscients et organisés : ils auraient
tichu les Conseils par terre. Il n’y avait
qu’une ressource ; c’était de s’adresser aux
Kabyles, aux nègres et aux Chinois, et
de leur demander de faire pour quarante
sous ce que les ouvriers européens ne
voulaient plus faire, même pour quarante
francs. « Différence de traitement légi
time, ajoutait-on, puisque ces gens-là
n’ont pas les mêmes besoins que nous, et