LE PERMIS DE CONDUIRE
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autrement, puis se rendormait debout,
littéralement. Il se trouvait toutefois, bien
entendu, mieux étant assis ; aussi les heu
res d’étude et de classe lui étaient-elles fort
agréables. Il mettait sa tête sur ses deux
bras harmonieusement repliés, et reprenait
avec tranquillité son sommeil interrompu.
Les punitions pleuvaient sur sa tête. Mais
quelles punitions ? Le règlement n’en con
naissait qu’une : la privation de sortie.
Voilà qui était bien égal à Rajou, les pri
vations de sortie ! Il dormait au lycée
au lieu d’aller dormir chez lui. C’était
même moins dérangeant.
En s’y reprenant sept ou huit fois, il ar
riva cependant à passer son bachot. Après
quoi, sa famille lui fit faire sa médecine, et
je ne le vis plus qu’à de rares intervalles.
La franchise m’oblige à révéler que ces
visites n’étaient pas désintéressées : il ve
nait m’emprunter cent sous. Quand je lui
répondais que je ne les avais point, il sou
pirait avec résignation :