LE PERMIS DE CONDUIRE
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changer de ton, ou je ferme mon guichet.
— Je change de ton, monsieur, et je vous
supplie de me pardonner, gémit M. Rose,
très ému. Daignez seulement m’apprendre
ce qu’il faut que je fasse.
— Allez demander au maire de votre
commune un papier authentique comme
quoi vous n’étiez pas plus mort il y a douze
mois qu’aujourd’hui, et autant d’autres
papiers authentiques que vous vécûtes
d’années dues, ou indues. Je ne connais
que ça.
M. Rose s’en fut chez lui. Il était mélan
colique, il était impressionné, il songeait :
« Administrativement, il paraît que j’étais
mort l’année dernière, et pourtant je vis,
cette année, d’une façon constatée par un
acte officiel ! Je n’ose plus dire que c’est
idiot, de peur d’aggraver mon cas : cela est
mystérieux et incompréhensible. Peut-être
l’employé qui m’a reçu est-il fou. Toutefois
je me garderai de produire cet argument :