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MÉMOIRES D’UN DADA BESOGNEUX
sa discrétion généreuse, il avait déclaré
que l’objet valait dix francs. Il en avait
certes coûté davantage, mais M. Coste-
pierre était résigné de bon cœur à payer
ce qu’il faudrait. Car il était bien sûr
d’avance qu’il faudrait payer, puisqu’il
était dans une administration, n’est-ce
i
pas ? Donc il interrogea, d’un cœur géné
reux : r
— Combien vous dois-je ?
Mais c’est à cet instant que l’attendait la
plus grande surprise de sa vie, car un chef
de bureau, infiniment courtois, lui répon
dit d’une voix amène et sentencieuse :
— Vous ne devez rien.
— Ce n’est pas possible ! protesta
M. Costepierre avec énergie.
— Non, monsieur, non, continua le chef
de bureau, vous ne nous devez rien, parce
qu’à notre grand regret nous allons être
obligés de renvoyer cet encrier en Angle
terre !
M. Costepierre songea, non seulement