l’assassin
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en la mettant sur le papier, un profit mé
diocre, mais légitime. Aujourd’hui cette
raisonnable coutume est en train de se per
dre, et vraiment c’est un grand dommage
matériel ; car à force de répondre à tout
le monde, il ne reste plus rien à dire par
soi-même. Tout est bon à ces intrépides
interrogants : l’Allemagne qui ne paie pas,
la dernière pièce de M. Bataille, la séche
resse ou les inondations. Mais l’homme
heureusement me tira de peine :
>— Je viens, dit-il, vous donner ma der
nière interview... C’est moi l’assassin : l’as
sassin dont tout le monde parle, et qu’on
cherche depuis six mois.
Tout de suite j’offris une chaise, une
cigarette, des rafraîchissements. Cet em
pressement n’étonnera personne. Je suis
d’une grande politesse naturelle, on est
intérieurement flatté d'être le premier à
voir un assassin, et enfin il était permis
de présumer qu’un assassin a des réactions
un peu violentes. Mieux valait donc obser