LE TESTAMENT DE M. PINCHON
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se payer à déjeuner. C’était, d’après lui,
pour le plaisir d’exercer sa volonté. Sa
principale maxime était qu’un homme peut
toujours faire ce qu’il veut, parvenir à ses
fins. Ainsi donc, puisque M. Pinchon ne
s’est jamais marié et n’eut jamais d’en
fants, tout porte à supposer qu’il n’a ja
mais souhaité de femme ni de famille.
Sans quoi, j’imagine qu’il aurait possédé
un harem et une postérité aussi nombreuse
que celle d’un caïd marocain.
Mais son opinion fermement arrêtée fut
toujours que rien n’est impossible, et qu’il
n’est pas de barrière qui puisse faire obs
tacle à l’énergie humaine. On les saute, ou
on les tourne, ou bien, ce qui est encore
plus élégant, on les invite à s’ouvrir toutes
seules, et elles finissent par y consentir de
bonne grâce. C’est ce qui explique son tes
tament. Le hasard me permit de voir sour
dre en lui, il y a quelques années, l’idée
d’où est sorti celui-ci. On me permettra
de rappeler succinctement les faits.