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qui travaille en série, mûr pour. l’assassinat des récom
penses.
La théorie du meilleur plaisir n’est pas à dédaigner en
matière de création. L’idée de l’artiste est une étincelle
entre l’âme-unité et l’âme-foule du nombre. La forme com
préhensive dont il matérialise cette idée reste l’intermédiaire
mystérieux avec lequel on rallie des visions semblables et si
celui qui travaille n’éprouve pas le plaisir, le sain plaisir de la
production, la volupté du don, il n’est pas un artiste, ou
cesse de l’être dès qu’il perd le désir de réaliser. Qu’il se
résigne alors à ne plus débiter qu’au mètre de la toile ou de
la prose.
De la part de Picabia, ce plaisir nouveau est sincère,
radical, sans fausse honte et surtout sans mystification de
principe. Un des agréments actuels de sa façon de peindre est
de construire des machines, d’imaginer de formidables
moteurs, des roues, des arbres de cardan, volants, vis, etc...
Des harmonies de lignes où, dans l’esprit de Picabia, une
magnéto devient Y Enfant carburateur.
Je préfère de Picabia les pins ombreux de Saint-
Tropez ou les rues ensoleillées des Martigues. Mais ne
suis-je point rivée au déjà-vu comme une coquille à son
rocher? Quand je lui dis cela il me regarde en souriant et
cela me fait penser que son œuvre entière est un sourire.
Du fait que mon esprit ne voit pas tel horizon, s’ensuit-il
que cet horizon n’existe pas? Même si le désir de ces plein
air et la joie d’une peinture plus vraie ne réapparaissent pas
dans l’œuvre de Picabia, il est passionnant de le suivre pas
à pas dans son étrange évolution.