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Je veux en espiègle m'assombrir dans les bras
De ma jolie maman
Souvenir du ciel bleu
Où j’aurais pu me blottir
Il faut tâcher de tout oublier
L’agonie du monde en vertige
De héros qui tournoient
Les valses hideuses de la guerre
Dans Vatmosphère énigmatique
FA masquée.
Le poète donne dans ce dernier poème une subtilité de
sentiment d’une délicatesse exquise; comment ne pas rêver,
se souvenir, comment ne pas pleurer en soi à l’évocation de
ces chères images ? On sent à chaque mot un cœur qui
aime, qui palpite et qui souffre.
Un titre bizarre, Unique Eunuque, nous prédispose
à une méfiance barbare en ouvrant la seconde plaquette.
C’est en effet un poème unique manquant de virilité où
l’auteur semble avoir poursuivi le problème d’enregistrer
comme sur une plaque sensible les images les plus dispa
rates telles qu’elles se présentent à l’esprit, avec divagation.
On pense souvent en effet sans but, et l’esprit perçoit alors
comme l’œil le vol d’une hirondelle dans l’azur ; un souve
nir lubrique ou banal lui succède, par bonds ; un chant
traverse l’espace et frappe l’oreille ; la mémoire frémit à un
choc douloureux, une joie vous transporte subitement, une
caresse passe... 11 est certainement plus ardu de juxtaposer
des idées avec le même succès que des sons sur une toile.