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qu’une formule acquise et c’est de cela qu’il faut les aimer.
C’est au moment redoutable de l’âge mûr, où l’on regarde
déjà, de loin, s’envoler les beaux espoirs de la jeunesse ne
sachant plus sur quelle chimère refermer des bras vigoureux.
C’est l’heure tragique des reniements, des crimes, des fail
lites ; l’âme se trouve en état d’adultère avec son idéal pri
mitif, et l’être souffre, en proie aux assauts du démon de
midi. C’est aussi la bifurcation des chemins, l’affre des
hésitations et l’invitation à la sincérité absolue pour regarder
franchement en avant.
Puis, la souffrance elle-même cristallise ses pleurs.
L’aube sereine revient d’un jour où l’on doit trouver de
nouveau la joie de vivre et de se donner avec sérénité, de
produire et de créer. L’épreuve nécessaire a préparé des
fruits différents qui ne demandent qu’à mûrir à la saine
clarté du soleil. Ce que l’on a souffert reste loin dans les
fonds d’une eau dormante qu’il ne faut pas troubler.
Des audaces, des errements multiples, des tentatives
hardies, il reste l’expérience qui permet de progresser. La
force demeure aussi d’avoir eu le courage d’être soi-même,
et c’est le premier facteur d’une heureuse continuation.