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Picabia sportsman retient notre attention. L’automo
bilisme fait partie de son activité depuis vingt ans autant que
les voyages. La fantaisie charmante et libre a toujours dirigé
cet homme avide d’espace et varié à l’infini sa carrière de
peintre. Le changement, le mouvement, l’évolution constante
restent les qualités d’un cerveau qui entraîne loin ceux qui
le suivent et qui du moins tient nos regards fixés très haut
dans les sphères de Utopie.
De l’œuvre considérable de Picabia il me reste l’impres
sion lumineuse de ses beaux paysages, que les sujets viennent
des bords de la Méditerranée ou des sources du Loing. Je
garde une vision brillante de ses figures en plein air, de ses
fleurs, de ses natures mortes : de la couleur, de l’ambiance,
du soleil, c’est la compréhension profonde et très aiguë de
la nature. Je réjouis mon esprit autant que mes yeux de la
Procession à Séville, encore frappée du synthétisme qui
marque pour l’avenir le point de départ de toute une Ecole.
Avec une palette comme celle de Picabia, on ne s’arrête
pas de peindre. On peut adorner ses loisirs de mille façons,
se reposer, forger des cités futures, d’art et de conception