POÈME
— Il y un dièze plus haut que la mer.
— Vous faites des bulles de savon ?
— Non ! je jouai de la flûtd.
— Avez-vous vu des esprits, le diable ou quelque créature de myopes?
— J’ai cru une nuit que je voyais le diable, mais c étaient les voitures
d’un vidangeur. Une autre fois, c’étaient les grandes lettres qui formaient
la manchette d’un journal.
— Je vous donnerai un miroir encadré dans des perles fines du plus
bel orient avec le reposoir de la main en corail et perles.
— J'exécute le dièze. C’est apocryphe et affreux.
A jamais pour toujours.
Je quitte mes amours.
Missolonghi.
PARTIE DE CANOT
Celui qui a inventé l'aéro passait des jours sam se laver, sans se lever,
il passait la vie la poitrine hors du sort de sa cabane et quand il allait
s'élever, se lever, se laver, on frappait à la porte de l'enceinte et il faisait
un geste de dépit. C’est pourquoi il a inventé l’aéro. Nous voici invités
à une partie^ aéronautique: c’est le Golfe, j’ai peur; rassurez-vous, mon
ami, voici un fauteuil d’osier à oscillations constantes pour vous exercer
au mal de mer. C'est bien cela! Les avions partent comme des rayons
de soleil et sur une seule barque aérienne, nous sommes une dizaine de
familles. J'avoue que je n’ai pas de crainte, bien que mon pantalon prenne
quelquefois le frais au postérieur. Le Pilote crie : « Petit, prends Ion
« starf » et écris « chocolat » sur la voile ». Le starf est un grand bâton
qui sert à tout dans l’aviation, même de porte plume pour les vastes'sur-
faces. Nous atterrîmes à une auberge où je crus devoir m’extasier au
sujet du sport nouveau, mais l’aubergiste déclara que de trop haut, il
ny a plus de paysage et que de trop bas, il y avait trop de danger. Je me
souvidns pourtant des perspectives nouvelles. La ceinture de sauvetage
pour aviateurs, c'est la perspective d’en haut. Je ne sais pas si je me
fais comprendre.
Max JACOB.