Volltext: 8 = 1920, novembre (8)

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ÇA IRA ! 
six heures le réveil est encore amer.... 
Et, lorsqu'il finit de vivre à Civita- 
Vecchia, ce qu’il éprouvait à quitter 
l'Italie, il se rappelle assez vivement 
pour écrire : “J’expirais à chaque pas 
que je fesais pour m’éloigner. Je ne 
respirais qu’en soupirant." et “Peut-être 
qu’un jour, quand je serai bien vieux, 
bien glacé, aurais je le courage de parler 
des années 1818-1819-1820-1821.“ Ces 
cris de passion, emprissonnée dans la 
forme concise et nette qu’il affectionne, 
et parmi les railleries sur la société et 
sur lui-même, font comprendre qu’il 
disait à son propos : “L’Amour a fait le 
bonheur et le malheur de sa vie". 
Peut-être aussi, du moins en sa jeu 
nesse, se fit-il une grande affaire de 
l’ambition. Le désir d’occuper une 
charge importante de l’Etat, et celui 
de rencontrer une femme qui fut pour 
lui l'amour, étaient ses deux buts. Cela, 
pour lui, était l'action, la vie. 
Car, avant tout, et ceci explique ce 
qu’a de dédaigneux pour la pensée 
pure, son caractère, Stendhal est homme 
d’action. Et son enthousiasme tire de là 
son caractère de positivisme. — Il aime 
agir à la folie, — Son tempérament 
violent, excessif, l’engage à se dépenser 
en voyages, démarches, aventures, en 
un mouvement perpétuel. Et son don 
parfait de psychologue l’invite à noter 
scrupuleusement tous les faits, toutes 
les anecdotes, tous les détails signifi 
catifs* 
C'est un étrange amalgame, une 
fusion rare : cet homme d’action qui 
philosophe sur tout. Ce psychologue 
savant qui fait avec délices la cour aux 
femmes, et qui participe aux plus 
glorieuses campagnes de Bonaparte. —' 
Cas tout exceptionnel, car il est ordi 
naire que l’homme de science fasse de 
la psychologie du fond de sa chambre 
de travail, et l’envisage, pour ainsi 
parler, de l’extérieur. — Stendhal, 
homme à la fois de science et d’action, 
regarde au contraire, du centre de la 
société, se place tout à l’intérieur. Il 
décrit les passions dans le même temps 
qu’il les éprouve, et s’accorde aussi, 
grâce à son cosmopolitisme de précur 
seur, de savourer les sentiments dans les 
plus divers. 
Pendant la retraite de Russie, il 
mettait à profit les angoisses de la 
Grande Armée, pour étudier sur les 
physionomies des soldats, les expres 
sions que cite Cabanis. Ce qui, d’ailleurs, 
ne l’empêchait pas de comprendre clai 
rement et de maîtriser la situation. 
C-’est grâce à lui, à ses soins et à son 
habilité, que l’armée française eut les 
seuls vivres qui furent distribués entre 
Smolensk et Wilna. 
Et vous appréciez le sang-froid 
réduisant dont il fesait preuve, au bord 
du tombeau que fût la Bérésina, en 
n’omettant pas de se raser, parmî les 
troupes en déroute, et entre deux 
assauts de cosaques. A son enthousiasme 
consentré correspond ainsi la bravoure 
froide. 
C’est dire que Stendhal, ayant vécu 
tant d'actions et de passions, se trouvait 
avoir pris pied solidement dans le réel ; 
ce réel d’où germe finalement toute 
beauté et d’où, seulement, elle peut 
naître. — Que lui importe la métaphy 
sique et les métaphysiciens, “ces hommes 
supérieures qui n’ont fait que de savants 
châteaux de cartes". Rien n’intéresse
	        
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