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ÇA IRA I
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livre “The économie conséquences of
the peace“.
C’est à côté des nombreux livres de
guerre, le livre de paix. Nul réquisitoire
véhément, nulle propagande : c’est
l'œuvre d’un observateur, d’un calcu
lateur et d’un économiste. Point de
passion ni de tirade lyrique : rien que
la vérité telle qu’il la voit, et ainsi qu’il
le dit dans sa préface : “The following
chapters are entirely of a public cha-
racter, and are based on facts known
to the whole world.“
Les premiers chapitres où il fait un
portrait saisissant des grands-bonzes de
la Conférence sont vraiment inou
bliables ; la personnalité jadis si sym-
phatique du président Wilson nous y
est montrée sous un nouveau jour : un
honnête homme qui, à cause de son
inexpérience et de sa naïveté s’est fait
rouler par les diplomates aguerris que
sont Lloyd George et Clémenceau
George.
Ensuite vient la partie purement
économique et statistique : des chiffres
abondants, terribles, exacts, irréfuta
bles ; des chiffres qui montrent d’une
façon indéniable, que, si les généraux
des gouvernements alliés étaient des
incapabies, leurs diplomates se sont
montrés plus incompétents encore. Le
Traité de Versailles conçu dans un
étroit esprit de haine et de vengeance,
en dehors de son inhumanité bestiale,
n'a tenu aucun compte des réalités, des
situations économiques. On a assommé,
couché l’Allemagne avec les armées de
Foch ; on veut l’achever par le traité
Clemenceau. Ce ne sera point chose
très compliquée que d’anéantir complè
tement l’Allemagne, de l’annihiler ;
mais qu'on oublie, nous prévient le
professeur de King’s Collège, que l’on
assasine ainsi l’Europe tout entière, et
que rien au monde ne la pourra relever.
Mais Keynes n’est point un phraseur :
il a dénoncé le mal, mais il indique en
même temps les remèdes : un révision
telle des conditions du traité que rien
ne resterait plus debout ; la confection
d’un autre compromis, conçu dans un
esprit plus large. Le dernier chapitre de
son livre expose longuement les réfor
mes qu’il faudrait introduire : ce qu’il
nous faut, c’est la paix, le repos, et le
temps de panser nos blessures : “....We
hâve been moved already beyond
endurance and need rest.“ Ainsi il y aura
moyen de sauver encore la vieille
Europe mutilée.
Hélas ! nous ne partageons guère
l’optimisme encore que fort mitigé de
Monsieur Keynes : la révision d’un
traité qu’elle qu’elle soit a peu de
chance de pouvoir soulager nos maux
innombrables.... “There in something
rotten in the State....“ et il est à craindre
que le mal soit sans remède : l’Europe
est condamnée à devenir entièrement la
proie du gros - capitalisme nord-
américain. M. Keynes compte beaucoup
avec la magnanimité de l’Amérique....
Pauvre Europe, s’il faut qu’elle s’appuie
sur la générosité de l’égoïsme des gros
banquiers et industriels d’outremer.
Et il n’y aura, en définitive qu’un
chemin qui nous fera sortir de l’inextri
cable dédale où nous sommes : la
suppression du capitalisme et de la
propriété privée ; l’avènement du com
munisme. Si tous les travailleurs, intel
lectuels et manuels, du monde entier
veulent co-opérer et travailler, non pour
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