Volltext: 8 = 1920, novembre (8)

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ÇA IRA ! 
Plus loin, au sujet d’une femme 
qu'entre toutes il aima, voici une ligne 
non moins significative : "Je me suis 
promené un quart d’heure avant 
d’écrire". 
On sent bien qu’à se trouver ainsi 
comprimée, l’exaltation de Stendhal ne 
pouvait que se fortifier intérieurement, 
au lieu de se disperser sur mille objets 
divers et en mille récits lyriques. Il en 
jouissait d’autant plus, et la conservait 
plus haute, qu’il lui mesurait les occa 
sions de se faire jour. 
. Si tels furent les résultats auxquels il 
atteignit, se n’est que progressivement, 
instruit par l’expérience et sollicité par 
sa haine de l’affection, qu’il en vint là. 
Pour endiguer de la sorte son exaltation 
et dérober au public ses moments émus, 
il fallait bien qu’il exerçât sa volonté et 
s’observât soigneusement. Observations 
et exercices qui ne finirent qu’à sa mort. 
Et pourtant, Stendhal semblait devoir 
vivre uniquement pour donner libre 
cours à l’impétuosité de sa nature, aux 
impulsions d’un cœur passionné. A 
20 ans, tout le transporte. J’entend tout 
ce qui est noble, grand, beau, invite 
aux grandes pensées ou aux actions 
héroïques. Tout l’émeut et fait couler 
en lui un torrent d’impressions. Il sort 
d’entendre une tragédie qui l’a trans 
porté dans un monde supérieur et il 
note hâtivement, avec une curieuse 
sincérité : "La noble pensée qu’elle 
m'inspirait avait passé jusqu’à mon 
maintien. J’étais superbe en passant par 
le corridor et l’escalier pour sortir." 
Comme déjà Stendhal, à 20 ans, 
s’observe et se regarde agir ! Il écrit 
d’ailleurs, parlant d’un visite pleine 
d’espoir à une femme qu’il désirait : 
"Moi, en y allant, je ne me tenais pas 
de bonheur. J’avais besoin dans la rue 
Neuve-des-Champs, de faire effort sur 
moi même pour m’ôter de devant les 
voitures qui passent." 
Les traits révélateurs d’une exquisé- 
ment impressionnable sensibilité, se 
marquent à chaque page dans les divers 
"journaux" qu’il écrivit. Je n’en donne 
qu’un. Etant à Milan, il assiste à une 
représentation de Lara, dans la loge de 
Ludovic de Brême. Il y trouve Lord 
Byron, et n’a plus, tant la présence du 
poète et la beauté du spectacle l’exal 
tent, aucun empire sur lui-même. Il écrit 
à ce sujet : "J’étais rempli de timidité et 
de tendresse. Si j’avais osé j’aurais serré 
la main de Byron en fondant en larmes." 
Exemple entre cent autres.... 
Rien de plus vibrant, de plus délica 
tement sensible que le railleur désabusé 
des souvenirs d’Egotisme, à cet âge-là. 
Ceci pour montrer qu’il n’y a pas chez 
lui manque de cœur ou sécheresse 
d’esprit. Il s’agit bien de la domination 
cherchée de l’enthousiasme par la froi 
deur ; et de cacher prudemment de rares 
qualités sous l’éclat d’une conversation 
spirituelle et sous "l’ironie imperceptible 
au vulgaire". 
Pourtant, alors existe déjà et peu à 
peu va s’amplifier en lui une aversion 
pour le trop en quelque chose que ce 
soit, pour la grandiloquence, l'exagé 
ration, la pompe, et le lyrisme hors de 
propos ou hors de la vérité des faits. Il 
critique nombre des tragédies et note 
ce qu’ont d’invraisemblable et de 
fâcheux les tranquilles déroulements de 
vers solennels et impeccables, alors 
que sont en présence, haletants et
	        
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