Trombone à coulisse
J’ai sur la tête une petite ailette qui tourne au vent
Et me monte l’eau à la bouche
Et dans les yeux
Pour les appétits et les extases
J’ai dans les oreilles un petit cornet plein d’odeur d’absinthe
Et sur le nez un perroquet vert qui bat des ailes
Et crie : Aux Armes !
Quand il tombe du ciel des graines de soleil
L'absence d’acier au cœur
Au fond des vieilles réalités débossées et croupissantes
Est partiale aux marées lunatiques
Je suis capitaine et alsacienne au cinéma^
J’ai dans le ventre une petite machine agricole
Qui fauche et lie des fils électriques
Les noix de coco que jette le singe mélancolie
Tombent comme crachats dans l’eau
Ou refleurissent en pétunias
J'ai dans l’estomac une ocarina et j’ai le foie virginal
Je nourris mon poète avec les pieds d’une pianiste
Dont les dents sont paires et impaires
Et le soir des tristes dimanches
Aux tourterelles qui rient comme l’enfer
Je jette des rêves morganatiques
G. RIBEMONT DESSAIGNES.