chose d’inactuel, de replié, qui n’est guère jusqu’ici le fait de Morand,
et qu’il a laissé dans l’ombre. Cette façon sportive de poser, de nouer
et de dénouer un problème, somme toute subtil, nous oblige à tenir
pour une longue nouvelle un récit dont la donnée est pourtant celle
d'un roman. Dans l’homme d’affaires, Morand a très bien vu les
affaires, assez peu l’homme. Sans doute, le voulait-il ainsi. Mais une
équivoque en résulte, où le plaisir s'épuise dans l'attente ou en de
délicieux menus acomptes.
D’autre part, ce qu’il y avait d'irrésistible et d'excessif dans la fan
taisie de Morand est ici contrôlé, trié, dosé. Une belle courbe, n’est-ce
pas? doit se tracer sans reprise. A chaque page le romancier dépiste
le flair du conteur, lui impose un choix et des limites. Les images qu’il
laisse passer semblent d’une brutalité sèche et un peu contrainte : le
mouvement de tobbogan manque, qui les emportait naguère. Que nous
sommes loin de la vitesse à laquelle Morand bouclait la destinée du poète
O'Patah ou fixait l'image d’Aïno sur la glace sentimentale de Finlande!.
Ces réserves, je les fais parce que Morand change son jeu, essaie
d’autres cartes et qu’une tentative prend vite la forme d'une habitude.
Elles ne valent que par rapport à lui. Mais Ouvert La nuit et Fermé la