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G. RIBEMONT-DESSAIGNES
LES BONBONS DE L’ÉMIR
Le seul parquet sur lequel l’art peut poser ses échelles est celui de la
société. Il n’est de critère stable que social. Et si toutes les discussions
à prétentions plus ou moins scientifiques sur l’esthétique demeurent
vaines, c’est-à-dire conduisent toujours à la preuve irréfutable des plus
contradictoires théorèmes, il reste au moins cette consolation à l’usage
des prétendants à la couronne, que le peuple se charge de choisir entre
les différents crus la meilleure bouteille. S’ils savent convenablement
flatter les palais qu’il faut, les voici assurés de servir de parrains à quel
que invention nouvelle. Mme Durand ou Francis Picabia sont de jolis
noms pour un chrysanthème ou un rhododendron. Cela fait bien augurer
des années qui seront le gros de l’éternité.
Faut-il donc prendre à la légère ce goût de la gloire et ce courage
à la construire qui sont le propre de certains hommes? Certes non.
Parfois même ceux-ci n’ont pour but que d’entendre comme une grande
sonnerie des cloches de la papauté, ou un fracas de trompettes royales
destinées à masquer le vide qu’ils entrevoient sous le couvert des mots,
des objets ou des actions, et à rompre le silence affreux des nuits où les
roulades des sentiments semblent sortie d’un cercueil déjà paré. Mais le