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G. RIBEMONT-DESSAIGNES
pation de tout repos. On pourrait même construire une machine à poli
tique, à came automodifiable, et remplacer ainsi avec avantage le centre
gouvernemental; sorte de machiavel automatique, cette machine entre
tiendrait la vie politique d’un pays avec une précision impressionnante,
pourvoirait à toutes les combinaisons nécessaires à sa santé, et empêche
rait sa sénilité. Malheureusement si un homme est toujours tenté d’obéir
à l’ordre donné par un autre homme, il ne se conduit pas encore de
même vis-à-vis d’une machine. C’est une affaire d’entraînement.
Cette machine serait basée sur les données suivantes. La vie sociale
repose non sur l’équilibre des forces en présence, mais sur leur déséqui
libre. Forces représentées par les différents partis politiques qu’on aurait
tort de croire factices et qui répondent aux classes. Les classes subsistent
sous tous les régimes, même le communiste; elles répondent elles-mêmes
aux diverses sortes de tempéraments physiologiques.
L’équilibre parfait — s’il pouvait exister — entraînerait la mort de
la collectivité où il se produirait (ce serait un trop joli bienfait), après
une longue dégénérescence. Un parti au pouvoir a besoin, pour se bien
porter, de la vitalité du parti adverse. Les fluctuations de la courbe
politique dépendent de la hausse ou de la baisse des partis en présence.
Si bien que tout chef du pouvoir doit, pour bien consolider son siège,
exciter la virilité de ses adversaires dès qu’elle commence à faiblir. C’est
ce que ne manquent pas de faire bien des présidents du conseil de la
république bourgeoise. Il le font cependant avec tiédeur par crainte
que cette vigueur ennemie ne finisse par les mettre à mal. Il n’est pas
difficile, avec une machine, d’obvier à ces inconvénients : diverses asso
ciations de leviers seraient en relation avec des forces centrifuges de
vitesse différente dépendant de la force des partis comme par les
machines secondaires dites machines à voter que la bureaucratie du
recensement suffirait à faire fonctionner. Cette machine centrale suppri
merait le parlement : d’autant mieux que les leviers, par un mécanisme