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BLAISE CENDRARS
II
sur du papier, noyaux nébuleux, de futurs poèmes; laissait les autres
s’évanouir...
Tant d’images l’accablaient. Il jeta sa plume...
C’est une grande jouissance que de travailler à une écriture satisfac-
toire, c’est la volupté la plus forte. Mais, étrange, cela aboutit à la
plus grande tristesse, à la désolation la plus complète. Les accords de
la Marche funèbre de Chopin rugissaient, vivants, dans son être, et le
poussaient à des gestes incongrus. Il sautait par la chambre, renversait
les meubles, voulait enfoncer les parois; jusqu’à ce qu’il s’effondra,
au pied du mur, le front fendu, le dos brisé, la conscience morte.
C’est ainsi qu’il calmait ses esprits.
(A suivre.)
Biaise CENDRARS.