CHRONIQUE D’ART
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eette opération peut avoir lieu. Proportions idéales de la
figure Humaine ; choix des tons convenables et du meil
leur effet ; conditions d'un beau dessin ; façon de draper,
de grouper les personnages... autant de recettes que le
peintre-imitateur était obligé d'employer pour que son
travail fût pris au sérieux. Or, que signifie une imitation
soumise à des règles préétablies ? Une simple façon de
parler, qu'il faut bien se garder de prendre à la lettre ; un
détour adroit pour concilier les désirs bas du vulgaire
avec les austères nécessités de l'art. Imiter la nature,
d'une façon classique, signifiera véritablement — si l'on
veut éviter de tomber dans une contradiction trop appa
rente : Remplacer chaque objet matériel que nous pro
pose l'univers - prétexte par un objet plastique, condi
tionné par des règles traditionnelles que chacun assou
plira à sa guise. Ou encore : Inventer des équivalents
picturaux mi-sensibles, mi-intellectuels —- Une nouvelle
définition de l'art s’impose ; celles-ci sont aussi témérai
res, aussi insuffisantes que la définition classique; mais,
ayant une valeur actuelle, elles me semblent plus oppor
tunes et capables de constituer un salutaire rappel à l'ordre
pour tous ceux qu'une manie d'imitation irraisonnée en
traîne vers la perte de leur dignité d'artistes.
Dans La Liberté, Monsieur René Chavance nous de
mande à son tour :
« Si vous regardez un tableau, quel ordre d'émotions
« lui demandez-vous de préférence ?
« Estimez-vous que la principale destination dun
« tableau soit de participer à la décoration d’un intérieur?