MUSIC-HALL
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qu'aux pompiers de service, l'illustre actrice brode chaque fois sur
l'arabesque d'une partition souvent pauvre un poème miraculeux que
quelques initiés savent lire et qu'elle ne déchiffre peut-être elle-même
pas. Car, si elle a conscience d'être une fantaisiste remarquable, elle
ne sait pas ce qu'elle vaut ni surtout ce qu'elle pourrait valoir. Elle
ignorera, j'en suis certain, toujours un trésor qu'elle porte avec elle.
Mais il faut s’expliquer. Je n’entends pas par “ danse gavroche”:
JMon Homme ou le trop fameux J’en ai mare encore qu'elle fit
montre, en ces deux mélodrames, de bien belles qualités. Non. Com
bien je préfère Mistinguett, faubourienne, vicieuse, blagueuse qui dans
la dernière revue du Casino essayait de séduire le toréador. Quel
charmant minois avait cette marchande de fleurs? quel corps sans
rival? Chacun de ses gestes, chacunes de ses attitudes révélait des
oasis de volupté.
Mistinguett, seule, sait croiser ses jambes adorables, lorsqu’il le
faut et faire tourner sa jupe. Elle sait suggérer, comme le divin
poète, et lorsque l’éclat transparent de ses dessous ne suffit plus,
un battement de sa paupière exprime l’inexprimable.
Je lui disais tout cela, cet hiver, dans sa loge; je la suppliais
d’abandonner certains préjugés et de créer les ehefs-d’œuvres de mes
amis. Alfred, le bon chien, dormait. Elle pensait à toute autre chose
et ne m'écoutait pas. Mais comme elle ôtait sa jupe et qu'elle m’ap
paraissait, incomparable, dans une délicieuse petite chemise de soie,
je n'eus pas le courage de lui en vouloir et baisais sa main, avec
un peu plus de reconnaissance et d’adoration.
Pierre de MASSOT.
BIBLIOGRAPHIE
LE LIVRE DES SŒURS, poèmes (1907-1913) par Alphonse Æétcrié.
Bibl. du Hérisson — Ed. Malfière, Amiens.
Quelque dimanche après-midi, si l’on veut, dans la salle basse de Tunique
auberge. Chassés par la pluie, la soif, l’ennui ou la fainéantise, des gens de tous