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LE ROMAN
L'HOMME DE LA PAMPA, par Jules S upc, vielle, (éd. de la
N. R. F).
Au seuil de ce roman, — le premier de M. Jules Supervielle, — et
qui est plutôt une couronne d'histoires autour d*un personnage qu’un
véritable roman, — la clef est sur la porte : avis, quelques lignes ;
Rêves et vérité, force, angoisse, j’ai écril ce petit roman pour l’enfant que
je fus et qui me demande des histoire*. Elles ne sont pas toujours de son âge
ni du mien, ce qui nous est l’occasion de voyager l’un vers l’autre et parfois
de nous joindre à lombre de Chumain plaisir.
L’homme de la Pampa est ce mexicain, Don Juan Fernandez y
Guanamiru, estanciero.
Avec lui et Futur, son volcan (ou le rêve de sa vie plate) ramené à
la grosseur d'une pastille du sérail, nous voyageons de Las Delicias
à Paris, autour d’une chambre et d'une idée, où plutôt, ainsi qu'avec
le Télémaque de M. Louis Aragon, en rond dans l’imagination d'un
poète. Celle de M. Supervielle est riche comme, en fleurs, les terres
tropicales où il vécut, — parfois même jusqu'au fouillis d'images et c’est
trop. Cela fatigue, nous entête, nous étourdit.
L'éleveur, trop habile, je le crains, a forcé jusqu’à les déformer des
figures qui eussent été aussi jolies simples que doubles. Ce jeu des
mots qui marque d'autre part les derniers chapitres, pour amusant
qu’il soit, rompt la suite et l'unité du récit, presque à chaque coup.
L'homme de la pampa a l'esprit, comme ses mains, orné de brillants
trop gros.
Après cela il n’y a plus à faire de critique. Il n'y a qu'à louer. Voilà
une réussite surprenante, pleine de trouvailles et sans manière. Un
livre bon garçon et drôle.