HÉLÈNE
Hélène, à l’école, eut son premier trouble. Elle s’alanguit comme, sur
les boîtes d’allumettes, la tunique indolente de Mme de Récamier. Et,
se refusant, pour la première fois, à l’idée de la messe hebdomadaire,
laissait le ventre de velours d’une abeille hasarder sur sa main sans bague
un éperon masculin.
Comme elle revenait, s’arrêtant, ce fut sur une épée claire qui, d’une
à une autre colline suspendait son fil. Elle ne trembla point, mais plutôt
respira au-dessous d’elle le parfum des sapins et des villas. L’épée bat
tait de deux ailes de rayons. Hélène s’en servit comme d’un balancier.
Un peu éblouie, elle ferma les yeux. Le soleil, derrière ce paravent, se
réduisit au cierge dont l’ardeur anémique jaunissait, l’an dernier, son
visage de communiante. Elle en sourit. Puis sentit venir un sommeil
mortel, ramena son corps, fit une mince révérence et sauta. Elle foula
du pied quelques violettes, s’assit au bord de la route de Meudon à Cla-
mart. Et songeant qu’un rêve ou quelque hallucination venait de posséder
son corps impur, elle pleura.