POÉSIES
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LE BOUQUET INUTILE, par Jean PeUerin (N. R. F. édit.).
Si le « bouquet » n'était qu’inutile! Jean Pellerin mort, on couvre sa
tombe de ses propres fleurs artificielles. Cela est d'autant plus triste
qu'on croirait à un hommage posthume de ses amis. Noués ensemble
dans ce livre, on retrouve le pâle liseron avec lequel Monsieur Derème
chatouille les patronnes d’estaminet, la rose rouge que les pierreuses
de Francis Carco portent dans leurs cheveux, d'autres fleurs pavoisées
aux couleurs de J. P. Toulet et de Rostand.
Je n'insisterais pas si cette poésie ne risquait de faire illusion à cer
tains. (J’ai moi-même été séduit par la Romance du Retour lorsqu’elle
parut). Cette façon de décanter l'actualité la plus prosaïque, de fixer
chaque strophe avec des allusions précises, de friser l’ironie comme
une moustache, — tout cela aboutit chez Jean Pellerin au mirliton
sentimental.
En voici un échantillon :
Au clavier Chopin se confie
En un la mineur affligé
Je metlrai ta photographie
Près de J offre à son G. Q. G.
Cézanne arrondit une pomme
Potin arrondit une somme
La guenon bâille son ennui.
Des trains sifflent vers les banlieues
Une étoile rose, une bleue,
Un rideau glisse... et c’est la nuit.