Volltext: 5(1924), Mars-Juin = Nr. 36 (36)

PIERRE REVERDY 
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dont la plupart sont entièrement nues, d’autres plus que légèrement 
vêtues. On distingue très nettement leurs formes dans la nuit à cause 
de la blancheur irréelle de leur peau, dont l’éclat irritant nous fait 
baisser les yeux. 
Aussitôt descendues, elles s’enfuient dans toutes les directions, droit 
devant ou vers la droite et vers la gauche. Beaucoup se dispersent rapi 
dement dans le proche jardin des Tuileries, d’autres, le long des ave 
nues, sur les Champs-Elysées où on les aperçoit bientôt glisser mysté 
rieusement dans les massifs épais, les fourrés sombres. Enfin elles 
entrent toutes dans les jardins publics de la ville endormie. 
Franchissant les ponts, un grand nombre marchent sans hésiter vers 
le jardin du Luxembourg. Et là, aussi pâles et légères que visages de 
songe, on peut les voir courir derrière les arbres et s’accrocher avec une 
louable insistance au bras souvent timide des passants. 
Puis au matin vagissant quand l’ombre de la nuit s’abat au fond des 
rues comme, au fond du verre, la lie d’un vin précieux qui se dépouille; 
quand les nettoyeurs vigilants poussent cette ombre épaisse dans les 
égouts d’où elle remontera plus tard; quand la limpidité de l’air 
permet de voir réellement ce qui se passe, on aperçoit toutes ces femmes 
regagner chacune un piédestal et rester immobiles dans la pose où le 
premier rayon de soleil les a surprises. Vous pouvez approcher mainte 
nant, plus aucun tressaillement de leur peau impassible ne trahira que 
ces êtres sont doués de chaleur et de vie. 
(A suivre.) 
Pierre REVERDY.
	        
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