Full text: 5(1924), Mars-Juin = Nr. 36 (36)

JOSEPH DELTEIL 
397 
LE ROMAN 
LE LIBERTINAGE, par Louis Aragon (N. R. F. édit.) 
Je ne sais plus qui remarquait récemment qu’en somme Louis 
Aragon écrit comme Anatole France. Quel compliment pour France ! 
Mais c’est méconnaître singulièrement la différence fondamentale qu'il 
y a entre la mélinite et la poudre de perlimpinpin. Seule une cécité à 
peu près absolue peut donner le change à quelques-uns de nos pâles 
contemporains. Sourire et rire sont pourtant deux choses assez diffé 
rentes. Et recevoir des coups de bâton, ce n’est pas la même chose 
qu'en donner. Bref, je ne pense pas qu’il y ait la moindre similitude 
entre Anatole France qui a 80 ans et Louis Aragon qui en a 2o (, h J'ai 
toujours dit que la jeunesse prime le génie. Aussi longtemps que je 
resterai jeune, je n’en démordrai point. 
Le Libertinage d’Aragon a 20 ans et toutes ses dents. «Il pense avec 
les dents, éclatantes». A chaque ligne, c’est l'aimable bruit d'un guépard 
qui croque un agneau. Crac! Les petits os en mille pièces. Un lèche- 
ment de langue. Et des colibris à la cantonnade. 
« Ce livre se passe de commentaires» déclare la bande d'un rose-mai. 
Au demeurant, c’est un recueil de contes. On y retrouvera avec émotion 
les Paramètrea, L’Extra. Dieu sait si je voudrais noter cette lèvre fine 
et cette cravate et cet air. Mais «ce livre se passe de commentaires». 
Ce n’est certainement pas Aragon qui n'a pas conçu cette bande. 
Ce qui m'a toujours frappé chez Aragon, c’est son côté angélique. 
(1) Environ, Jésus mourut à 33 ans et quelques mois.
	        
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