Volltext: 5(1923), Sept.-Octobre = Nr. 33 (33)

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ROBERT DELAUNAY 
incendie plus sage, autour d’une catastrophe. Sans doute, il faut regarder 
avec des yeux de jadis. Les machines étaient à l’ordre du jour et les 
métaux n’avaient pas encore de couleur. Il fallait composer une nouvelle 
palette. 
Le peintre regardait autour de lui. Il habitait à cette époque la Plaine 
Monceau, rue Legendre; ces rues grises, sans boutiques, sans cris, sans 
passants ne s’éveillent que le soir. Des longues fenêtres s’échappent des 
romances, des rires et les filles des concierges recommencent la gamme de 
do. Quelques belles audacieuses sortent le matin en jupes-culottes pour, 
suprême élégance, se rendre à la Porte Maillot en bicyclette. Elles tra 
versent le Parc Monceau, en saluant respectueusement au passage les 
glorieuses statues : Ambroise Thomas, près d’une source perfectionnée, 
examine d’un air songeur Guy de Maupassant, qui, nerveux, refuse de 
se laisser persuader par le chant de la source et de la dame suppliante. 
Va-t-elle se jeter dans le lac où se mirent ironiquement les colonnes en 
ruines? Tout est gris dans les alentours; le lac en aluminium, les allées 
sablées de poussière, les arbres recouverts de vert-de-gris. 
Comment voulez-vous que Delaunay s’amuse? Il pleut, — c’est l’hiver 
ou le printemps, il pleut. Les voitures dans le parc, pour ne pas effrayer 
les moineaux vont au pas; les nourrices parlent à voix basse, et les 
gardes ferment les yeux. Le jardin s’endort en fermant ses grilles. 
Cette ombre que l’on contourne sans joie, ce jardin où le silence et 
la nuit se réfugient attristaient Delaunay. Il ne sortait plus que pour 
acheter du tabac et pour lire les journaux. Il fut surpris un jour de 
découvrir dans les yeux de ses semblables un mystère, et sur leurs lèvres 
des miracles. Ce qu’il cherchait avec tant de soin, avec tant d’application 
volait dans les regards, dans la courbe des gestes, dans le mouvement 
des lèvres et de la poitrine. Un autre jour, il vit dans un miroir cet homme 
qui cherchait, qui regardait avec une certaine inquiétude. Il posa son 
chevalet à quelques mètres du miroir et fit un portrait. J’imagine qu’il
	        
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