Volltext: 5(1923), Sept.-Octobre = Nr. 33 (33)

PHILIPPE SOUPAULT 
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tude de questionner. Lorsqu’il était inquiet, c’est en lui-même qu’il cher 
chait une réponse. 
Ce fut une période féconde. Je distingue La Ville de Paris (1912) * 
Les Fenêtres (1912). Delaunay expose à Paris. Rien ne le décourage 
plus, il continue. Equipe de Cardiff (1913). Et dans les rues, dans les 
bals, il rit de toutes ses dents. Il n’a plus peur d’être gai. Ses vêtements 
font l’admiration de sa concierge et de l’antiquitaire du coin parce qu’il 
les a choisis de toutes les couleurs. Il s’amuse parce qu’il sait qu’il faut 
avoir confiance. Hommage à Blériot (1914). Crime politique (1914). 
Mais ce qu’il voulait encore c’était le soleil. L’Espagne s’offrait à 
lui. Il y resta six ans. Il y découvrit la sensualité. (Nu, 1913. Natures 
mortes. Femmes aux potirons, 1916-1917.) Il voulut aussi retrouver ses 
souvenirs. (La Tour, 1918-1919.) 
Les dates ne sont rien que des chiffres, que des épingles pour les 
souvenirs papillons, épingles qui font mourir lentement. Un rayon de 
soleil qui est né à Madrid, une chair qui est un muscle vivant, une 
gorgée d’eau qui est un fruit, souvenirs miroitants comme l’eau ne demeu 
rent que parce qu’ils vivent dans les yeux, dans la poitrine ou dans la 
gorge. 
En revenant à Paris, Delaunay ne reconnut plus son ombre. Tout 
était changé. Les amis morts avaient emporté une partie de sa vie et 
ceux qu’ils retrouvaient avaient oublié leur propre existence. Ils se 
pétrifiaient. 
Philippe SOUPAULT.
	        
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