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FAITES VOS JEUX
FAITES VOS JEUX
LA MÉMOIRE PROFESSIONNELLE
VII. — Ce qui me décide à raconter quelques souvenirs.
Le temps des justifications, aussi subtiles que naïves, qui se dissipait en
phrases commençant par « j’écris parce que », est passé depuis long
temps. J’ai pris une part active au lancement de ce petit jeu de conscience.
Il me laisse insensible aujourd’hui. Malgré le désir de sincérité des
joueurs, il a provoqué bien des coquetteries de langage et ouvert les sou
papes à de frivoles fantaisies. La plupart écrivent pour gagner l’estime
ou l’étonnement du lecteur par des manoeuvres habiles qu’ils dissimulent,
mais il n’arrive pas, même en découvrant la carte du cœur, à déterminer
l’atout des sonorités complètes et compactes. Ils ne se demandent pas
quels sont les mobiles de leur littérature, à peine s’inquiètent-ils de ses
buts, et laissent de côté la fonction algébrique et aimable des choses de
qualité, seule digne d’intérêt : la poésie. Je ne parle pas de la poésie
écrite, mais de celle qui est un instrument de vie ouvert sous la lumière
d’un certain angle de dévotion indécise, le pouvoir de doser et de com
muniquer la quantité de facultés humaines accumulée en soi, le prétexte
à d’indéfinissables paresses physiques.
J’ai commencé à écrire, dans ma première jeunesse, sans me deman