Volltext: 5(1923), Sept.-Octobre = Nr. 33 (33)

FRANCIS GÉRARD 
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« Dans la première cellule, disait Mac Orlan il y a deux ans, il y a 
Candide, et chaque être à chaque âge a porté en soi les idées et les 
sentiments de Candide. Ce qui diffère, c'est l’expression, c’est la figure 
de cette unique pensée du monde. Le cadre, le rythme, la lumière 
évoluent, mais les possibilités intellectuelles demeurent ». C'est cette 
expression du moment — une chanson, dirait Mac Orlan, un cri popu 
laire — sortie vraiment des entrailles de l’année qu'il recherche : la 
couleur d'une religion qui sortirait de ce monde : ce monde s’il chantait. 
Le côté fragile et mélodieux, trouble et sensuel, mordant douce 
ment la chair, il l’a déjà dit dans la Cavalière EUa. L'intelligence ris 
quait de mourir dans ces divans, ’on n'est pas de bois. Mais dans la 
Vénus t il s'en écarte : l'intelligence s'y interdit tout plaisir des 
doigts, des genoux. (Non, dit l’amant, je ne t’appellerai pas ma gosse. 
Il évite ces chers sables mouvants). Il reste le côté machiniste et con 
tremaître, les engrenages savants auxquels le monde s'enroule, les 
courroies des machines, sadiques lanières, la sirène réglant l’entrée des 
usines et négligeant la mort des marins, la lueur rouge des Besse- 
mer, immenses icônes, et les emplacements des exécutions. 
Dans le cadre de la fiction (les confessions nous ennuieraient), il réus 
sit à animer ce langage muet qui préside à toutes nos actions, à faire 
surgir la poésie propre à cette industrie amoureuse et affairée, en 
même temps qu’à sortir ce besoin d’aimer, de se tordre, de presser et 
de conduire. Bien loin d’envelopper des gargousses dans des dentelles, 
de mettre des rubans aux scies à découper et de chanter le charme 
pomponné des fours et des lampes — comme Pellerin qui noie la machine 
sous les fleurs, la ramène aux bergeries, aux houlettes — il en tire des 
lignes dures, grises et ivres. 
Enfin, un homme recherche le langage propre de l’époque, et ne tente 
pas de faciles liaisons, d'heureux sauts de carpe. 
Le roman a d'autres raisons de plaire: la fresque digne de Wells 
des paysans enrichis et des faméliques bandes d’intellectuels pour 
chassés par la gendarmerie, la vie crispée de ce village, et cet amour 
dur aux os saillants des deux héros. Mais par dessus tout nous touche 
cet ardent et personnel désir de Mac Orlan d'attraper la trame 
même de l'âge, de l'étendre, de l’étirer et de s’installer enfin dans des 
contrées plus stables et plus nôtres. 
Francis GERARD. 
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